L’année 2018 sera pour le Syctom celle du lancement des procédures devant aboutir en décembre à la demande à la préfecture de l’autorisation d’exploiter pour la future usine d’incinération d’une capacité de 350 000 tonnes.
Le projet rentre maintenant dans sa phase sérieuse :
- Il doit être analysé et commenté dans les semaines qui viennent par l’Autorité environnementale au niveau national, qui doit se prononcer sur la conformité du projet avec la Loi de transition énergétique le 21 mars prochain. Nous pensons que le Syctom prévoit des quantités de déchets à incinérer beaucoup trop importantes, grâce à des objectifs de recyclage si modestes qu’ils n’en sont pas crédibles. Ces objectifs que le Syctom présente comme « volontaristes » sont contraires à la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte.
- Il fera ensuite l’objet d’une enquête publique du 15 mai au 15 juin 2018, si les délais qu’on nous annonce sont respectés.
Nous ne disposerons pour analyser le projet que de très peu de temps compte tenu de l’épaisseur du dossier (plusieurs cartons probablement).
Nous solliciterons à ce moment-là un maximum de contributions, fouillées ou pas, pour donner l’avis des habitants au commissaire enquêteur.
Nous l’avons maintes fois dénoncé, la diminution de capacité de l’usine d’incinération par rapport à celle existante n’est pas due à une amélioration du tri sélectif pour atteindre les objectifs contenus dans la loi de transition énergétique, mais en recourant au tri industriel des ordures ménagères par un processus nouveau nécessitant la construction d’une usine supplémentaire qui sera accolée à l’usine d’incinération sur le site d’Ivry-Paris XIII.
Malgré toutes les décisions de justice qui s’opposent à la construction de ces usines de TMB ou Tri Mécano-Biologique en France , le conseil syndical du Syctom a voté, avec la voix du maire d’Ivry-sur-Seine, pour la construction des 2 usines prévues, incinération et TMB.
Nous avons demandé à visiter une usine similaire à celle prévue dans le projet. Comme il n’existe à ce jour aucune installation de ce genre, le Syctom nous a proposé une visite de l’usine TMB-méthanisation de Montpellier qui a tant défrayé la chronique depuis son ouverture en 2008 en raison des nuisances olfactives de putréfaction et des invasions de mouches qui empêchaient les riverains de profiter de leurs balcons et jardins. Le Syctom nous assure que ces problèmes sont maintenant résolus, mais nous avons des témoignages contraires des habitants qui jouxtent l’usine.
La visite de l’usine de Montpellier nous conforte dans notre conviction que nous aurons bien une usine similaire pour sa partie TMB, même si le Syctom prétend le contraire en parlant de « tri-préparation » des déchets, et même si après la victoire des opposants au projet de Romainville, la partie méthanisation a été abandonnée pour Ivry-Paris XIII.
Cette obstination à privilégier les solutions industrielles au détriment du respect des dispositions de la loi ne peut que nous interroger sur la réelle volonté de certains élus à défendre l’intérêt général !
A cela une seule réponse : Le plan B’OM !
Le Collectif 3R s’est également inquiété auprès du Syctom des quantités de dioxines bromées contenues dans les fumées issues de l’usine d’incinération. Il y a quatre ans nous avions demandé un prélèvement qui avait révélé des taux 3 à 4 fois supérieurs à ceux considérés comme dangereux pour la santé humaine. Les dioxines bromées sont provoquées par la combustion des retardateurs de flamme contenus dans de nombreux produits comme les matériaux d’ameublement et les circuits électroniques de nombreux appareils. Pour l’instant aucune réglementation n’en fixe le seuil maximum autorisé dans les rejets, elles sont pourtant tout aussi dangereuses pour la santé que les dioxines chlorées qui sont très réglementées.
Nous avons alerté le Syctom sur ce point. Il nous a été répondu, qu’à la demande du ministère de l’environnement des prélèvements étaient effectués actuellement sur les fumées de l’usine d’incinération d’Issy-Les-Moulineaux, ainsi que sur une quinzaine d’autres sites industriels. Cela confirme que les industriels se préoccupent en priorité de leurs intérêts au détriment de notre santé et que contrairement à ce que le Syctom a toujours prétendu la combustion des déchets est loin d’être inoffensive !