A propos des dioxines bromées 2


Les dioxines, chaînes organiques comprenant du carbone, de l’oxygène, de l’hydrogène et du chlore sont à la fois le résultat d’une mauvaise combustion de produits organiques et produites par la combustion de certains matériaux, en particulier dans les usines d’incinération. Elles sont très toxiques à partir de doses excessivement faibles. La dioxine contenue dans l’agent orange, largement répandu par l’armée américaine au Vietnam de 1961 à 1975 a causé des cécités, du diabète, des cancers nombreux, de graves malformations ou handicaps à 150.000 enfants, ceci parfois jusqu’à la deuxième génération. La dioxine de Seveso a intoxiqué lors de l’accident de 1976 au moins 196 personnes et gravement contaminé l’environnement de la région.

Il s’agissait dans les deux cas de dioxines contenant du chlore. Elles ont donné lieu à de nombreuses études, puis à une réglementation limitant leur émission à 0,1 ng (nanogramme : milliardième de gramme) par mètre cube de fumée issues des usines d’incinération. Cette norme est en fait technique, les dioxines étant toxiques même à très faible dose. Le temps d’exposition et le caractère régulier de l’exposition sont essentiels pour le risque encouru, et pas seulement la dose.

Mais aujourd’hui, des « pollutions émergentes » apparaissent avec les nouveaux produits de l’industrie chimique. Les « retardateurs de feu », largement utilisés par l’industrie – donc hélas dans ce qui est jeté à la poubelle et incinéré – sont à l’origine d’autres dioxines, dont les études scientifiques disponibles (en anglais) disent que la toxicité pourrait être équivalente (voire pour certaines molécules supérieure) aux dioxines chlorées correspondantes.

Nous avions demandé en 2012 une analyse de ces molécules en sortie de cheminées, et avons les résultats sur chacun des fours de l’usine d’Ivry, au 2ème et 4ème trimestre 2013 (publiés en juin 2014) : les mesures sont de 0,33 , 0,33, 0,34 et 0,4 ng/m³ de fumée, soit entre 3 et 4 fois la limite maximum des émissions de dioxines chlorées, seules réglementées et traitées dans les fumées (par injection d’ammoniaque pour réduction catalytique, puis traitement complémentaire au coke de lignite). C’est surtout excessivement plus – de 47 fois à 850 fois selon les périodes – que les dioxines chlorées qui sortent après traitement.

La question a été posée par nous lors du dernier comité de suivi de l’usine d’incinération d’Ivry-Paris XIII, le 4 juillet dernier. Il nous a été répondu qu’il existait de la recherche parcellaire sur ces composés, par exemple en Californie, mais ni littérature abondante ni protocole pour les mesures et les normes. Cette question était connue du ministère de l’écologie.

Peu satisfaisant pour nous et pour les habitants d’Ivry, Paris 13ème et alentours qui reçoivent les fumées !

Nous allons continuer de suivre cette question dans les diverses instances (du local au régional) et demandons à la fois des mesures systématiques des rejets de ces dioxines, et leur traitement, qui semble exister dans des usines en Catalogne. Nous sommes en relations sur cette question avec France Nature Environnement et avec le Réseau Environnement Santé.

Article à retrouver dans la lettre d’info n°6.


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