Le Collectif 3R constate que la concertation telle qu’elle s’est déroulée depuis le début de l’année 2016 sous l’égide d’un garant nommé par la Commission nationale du débat public (CNDP), ne respecte pas l’esprit de cette commission qui est de donner l’occasion au plus grand nombre possible de citoyens, de s’exprimer sur les grands projets d’aménagement « et de faire en sorte que leur point de vue soit pris en compte dans le processus de décision » (nous citons ici les termes exacts de la mission de la CNDP).
Tout indique au contraire une volonté de remplir les obligations de la concertation a minima et de mener ce projet gigantesque de 1,150 milliard d’euros TTC d’investissement public, le plus discrètement possible par rapport aux citoyens et contribuables.
Nous protestons particulièrement contre le report de la réunion publique de fin de concertation le 5 juillet 2016, à une date où, de notoriété publique, l’audience ne sera pas nombreuse. Nous en avons fait l’expérience à l’issue de la 2ème phase de concertation le 30 juin 2011 et nous avions alerté Monsieur Roudier, garant de la concertation. Malgré nos mises en garde et notre proposition de la repousser en septembre, le SYCTOM a maintenu cette date sous divers prétextes.
Mais nous pourrions citer d’autres exemples :
- Le SYCTOM s’étonne du manque de questions posées par les habitants sur le site de la concertation. Mais où sont les annonces et les articles dans les journaux municipaux des communes du bassin versant ? Où est la publicité légale, où sont les communiqués de presse ?
- Il s’agit en outre de présentations techniques, complexes et contradictoires avec la réglementation en vigueur. Les chiffres avancés par le SYCTOM pour le « gisement » s’appuient sur des « tendances » observées dans les 5 dernières années, qui ne tiennent compte ni de la réglementation, ni des multiples mesures concernant la relance de la prévention et du recyclage actuellement mises en place, ni même de la volonté de Paris (la moitié des déchets traités par le SYCTOM) de porter son taux de recyclage à 50%. Si on peut comprendre la logique des industriels du secteur soucieux de continuer à traiter des grandes quantités d’ordures ménagères résiduelles (OMR) dans des installations complexes et lucratives, on ne peut admettre que des élus comptables de l’argent public ne cherchent pas d’abord à responsabiliser l’usager pour réduire les quantités à traiter et promouvoir le recyclage, au lieu de voter pour des projets industriels d’un prix exorbitant. Les élus du SYCTOM s’apprêteraient-ils aujourd’hui à se dédouaner des efforts à faire pour atteindre les objectifs de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV), comme hier pour le Grenelle de l’environnement ?
- Le SYCTOM a demandé à l’association Zero Waste France de présenter le Plan B’OM (Baisse des Ordures Ménagères), un plan alternatif à la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII. Mais aucune discussion avec les participants du groupe de travail n’a eu lieu après cette présentation. Aucun autre moment n’a été proposé jusque-là pour débattre plus longuement de cette alternative très concrète, ce malgré nos protestations par courrier. Les chiffres du Plan B’OM n’ont fait l’objet d’aucune confrontation sérieuse avec ceux du SYCTOM, d’aucune étude sur ses propositions, son calendrier, sur le coût de 200 millions d’euros des mesures à mettre en œuvre (à comparer avec le coût d’1,150 milliard d’euros TTC du projet du SYCTOM).Un avis d’estime a été émis : les élus du bureau du SYCTOM seraient d’accord sur les objectifs, mais le calendrier serait trop ambitieux, argument que nous n’entendons que trop souvent face à l’urgence de la pollution de l’air et du changement climatique et qui n’est tout simplement pas supportable.
En conclusion, nos demandes concrètes sont :
- que la date de la réunion publique soit fixée à une période la plus propice possible à une large participation du public (septembre nous semble idéal) ;
- que cette réunion publique permette de comparer le Plan B’OM au projet du SYCTOM en particulier sous l’angle du volume des déchets à traiter et des objectifs de la LTECV.
Je soutiens cette demande de comparaison du plan B’OM et du projet SYCTOM d’incinérateur . Il paraît evident que la mise en place d’un plan de traitement des ordures ménagères de la ville de Paris en 2016 soit en avance sur son temps plutôt qu’aligné sur une perspective de continuité issu du siècle dernier !!!
Je souhaite que Paris s’engage activement dans la mise en oeuvre d’un plan de réduction des ordures ménagères plutôt que dans des investissements très couteux pour l’incinération des déchets. Il en va de l’avenir de la planète, et Paris se doit d’être à la pointe de ce combat et montrer l’exemple.