Depuis le début de l’année, le Syctom organise sous l’égide d’un garant nommé par la Commission Nationale du Débat Public une troisième phase de concertation au sujet de la reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-Paris 13. Nous y participons avec Zero Waste France et FNE-IDF.
Le Syctom est composé des élu-es des 84 communes de son territoire, de nos élu-es donc, et la première chose à souligner est globalement leur absence ou leur présence irrégulière aux réunions de la concertation. Il s’agit pourtant de la santé de leurs administrés, des finances publiques, d’application de la loi, de volonté politique et de l’intérêt général qu’ils sont censés défendre en notre nom. On regrette qu’un projet de 2 milliards d’euros dont 1,150 de reconstruction ne mérite pas un peu plus d’attention de leur part, sans parler des solutions alternatives comme celles du Plan B’OM (voir www.planbom.org) sur lequel il n’y a eu aucune discussion.
Qu’avons-nous appris à ce jour sur le projet du Syctom ?
Le Syctom maintient son projet d’origine, à l’exception de la partie méthanisation qui sera effectuée dans les stations d’épuration d’Achères ou Valenton. Il y ajoute le traitement de 30 000 tonnes de bio-déchets collectés séparément, mais maintient les deux usines d’incinération de déchets concentrés ou CSR (Combustibles Solides de Récupération) et de TMB (tri-mécano-biologique).
Rien n’a changé depuis 2004, ni le tonnage de l’usine d’incinération (350 000 tonnes) ni surtout la présence d’une énorme usine de TMB (310 000 tonnes) malgré le vœu unanime du Conseil municipal d’Ivry de janvier 2014 et malgré les retours d’expérience désastreux d’installations similaires à Montpellier, Fos-sur-mer et Angers. Le marché de 2 milliards d’euros passé avec Suez-environnement y serait-il pour quelque chose ?
Une gigantesque usine de TMB, 3 fois la capacité de celle d’Angers ou de Fos-sur-Mer, et un procédé qui multiplie les pannes, les incendies, les nuisances graves pour les habitants à plusieurs kms à la ronde (odeurs cadavériques, invasions de mouches). Mais comme à chaque nouveau projet les techniciens prétendent avoir tout compris et tout réglé.
Au lieu de mettre les collectivités en ordre de marche pour une collecte séparée des bio-déchets avec production de gaz et d’un compost qui enrichira les terres agricoles franciliennes, comme l’exige la Loi de Transition Énergétique pour la Croissance Verte (LTECV), on enfourne dans d’immenses tuyaux ou trommels vos ordures ménagères en mélange, où elles sont hachées, broyées, additionnées d’eau chaude, chauffées pour accélérer la fermentation. On en extrait les cartons et plastiques (les fameux CSR) et au lieu de les recycler on les prépare pour l’incinérateur. Et on isole une « pulpe » de fermentescibles, forcément polluée, envoyée en méthanisation dans les méthaniseurs des stations d’épuration. Les résidus liquides de la méthanisation sont en retour séchés et renvoyés en incinération ! ! !
Le monde change autour du Syctom, on parle d’économie circulaire, de COP 21, des ressources cachées dans nos déchets, mais le Syctom ne change rien à ses vieilles solutions !
Les quantités de déchets collectées baissent régulièrement sur son territoire, la réglementation devient de plus en plus contraignante pour aller vers plus de recyclage et pour lutter contre le changement climatique, mais le Syctom s’arrange avec les chiffres pour justifier son projet obsolète et dangereux.
Paris a décidé de se lancer dans une politique « zéro déchet » de modernisation du tri et de collecte séparée des bio-déchets des marchés, des écoles et des ménages en porte à porte. Dès aujourd’hui 2 arrondissements sont concernés, et avant 2020 tous les arrondissements devraient être équipés.
Paris, c’est la moitié des déchets du Syctom mais pour autant le Syctom n’a pas adapté ses prévisions de tonnages à cette révolution. Bien au contraire on constate que pour justifier son projet le Syctom parie sur la stagnation du tri jusqu’en 2025, et ceci en s’affranchissant de la Loi de transition énergétique et du Plan régional de gestion des déchets.
Non seulement le Syctom se place délibérément hors la loi, mais il présente des chiffres qui ne sont absolument pas crédibles : il ne prévoit quasiment aucune augmentation du tri et du recyclage en 10 ans, malgré les différentes mesures réglementaires qui s’appliquent dès aujourd’hui pour la prévention et le recyclage: collecte et traitement des bio-déchets, renforcement du tri sélectif, interdiction des sacs plastiques, décret « 5 flux », extension des consignes de tri, etc…
Demandons au Syctom et à nos élus une remise à plat du projet ! Ne brûlons pas notre futur !
Le site de la concertation est fait pour que vous puissiez intervenir en posant vos questions au Syctom sur http://projet-ivryparis13.syctom.fr/exprimez-vous/vos-questions-nos-reponses/.
Alors n’hésitez pas à vous manifester, à poser des questions et à surveiller les réponses qui seront données en ligne.