Compte rendu du débat sur le Zéro Déchet avec les candidats à la Mairie de Paris


Nous étions samedi 22 février aux Halles de Belleville pour assister au débat organisé par Zero Waste Paris et Zero Waste France avec les candidats à la Mairie de Paris. 6 candidats étaient présents pour nous présenter leurs propositions en matière de zéro déchet.

1) Liste Ecologie pour Paris (EELV): Vincent Goulin, représentant de David Belliard

Sur les biodéchets:

Cette liste propose le développement du compostage par la distribution de composteurs individuels et collectifs, pour les particuliers et les commerçants. Vincent Goulin souhaite également installer des composteurs dans l’espace public (parcs et jardins). Il veut mettre en place des ambassadeurs ZD et un travail pédagogique. De plus, il souhaite la mise en place de la collecte séparée des BD dans la restauration collective municipale. Enfin, il suggère la création d’un partenariat avec la région pour structurer les filières, créer de l’emploi et soutenir le développement de ces modes de gestion des BD. 

Sur la tarification incitative et la redevance spéciale:

Il est pour la révision de la Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères en une tarification incitative. Pour cela, il faudra faire un diagnostic technique, une phase de test et la mise en place d’un numéro de service pour les usagers. Il souhaite mettre en place des démarches pédagogique voire des sanctions pour les commerçants. 

Carte blanche:

Vincent Goulin et David Belliard veulent favoriser les acteurs de l’innovation et l’économie circulaire, donner accès à ces acteurs au foncier (locaux, espaces logistiques) et mettre en place des dispositifs d’accompagnements avec des incubateurs. Ils voudraient allouer 5% du budget, soit 23 millions d’euros, pour les accompagner. Ils proposent le développement d’une centaine de ressourceries/recycleries pour valoriser des objets, créer du lien social, donner une activité sociale aux personnes en situation de précarité, et notamment les biffins.

Incinérateur:

La liste “Ecologie pour Paris” s’oppose à l’incinérateur d’Ivry et soutient le plan B’OM. Elle souhaite mettre de l’argent pour le réemploi, les cycles vertueux et ne pas investir de l’argent public dans des procédés qui utilisent des énergies qui ne sont pas renouvelables et qui contribuent au réchauffement climatique. Vincent Goulin évoque la contradiction entre les discours et les votes au sujet de l’incinérateur. EELV a plusieurs fois participé aux manifestations contre l’incinérateur.

Consignes:

Cette liste souhaite valoriser la consigne et mettre en place un kit festif ZD pour les événements municipaux. 

2) Liste de Décidons Paris (LFI) : Danielle Simonnet, tête de liste

Sur la commande publique:

Danielle Simonnet souhaite une municipalisation des cantines et tendre vers le zéro gaspillage. Elle soulève la question des déchets des bâtiments qui produisent 5 fois plus de déchets que les ordures ménagères et appelle à sortir du tout béton pour arriver à des constructions en bois, terre cuite et paille.

Sur les biodéchets:

Elle est pour le compostage en pied d’immeubles, elle souhaite travailler avec les bailleurs sociaux et propose le recours à des filières courtes. Elle est favorable à la collecte des biodéchets quand le compostage n’est pas possible. Elle voudrait s’appuyer sur les coopératives agricoles pour faire usage de ce compost par la suite. Enfin, Danielle Simonnet appelle à une systématicité du compost et à la collecte des biodéchets. 

Sur la tarification incitative et la redevance spéciale:

Réticents à cette mesure au début par peur de stigmatisation des classe populaires associées à malbouffe et donc aux déchets, plusieurs de la liste ont effectué avec Zero Waste France un voyage d’études en Italie. Aujourd’hui favorables à cette mesure, ils souhaitent s’en inspirer: distribution de couches lavables, accompagnement des classes populaires grâce à un principe de solidarité (abattement en fonction du revenu du ménage). Pour ce qui est de la redevance spéciale, il faut selon cette liste cibler les entreprises et commerces qui produisent beaucoup (travail spécifique mené pour les fast-foods). Elle mentionne aussi l’exonération de la redevance spéciale des restaurateurs. 

Organisation des collectes:

Elle souhaite développer la collecte municipale (15 euros de moins que la collecte privée). Elle note la facilité de se débarrasser de ses meubles par le service Internet des encombrants de la ville de Paris. Cela n’incite pas à les donner. Il faudrait donc organiser une collecte des encombrants à jeter et utiliser la matière, et en parallèle encourager le don de ce qui est encore fonctionnel. Danielle Simonnet parle aussi de la collecte des biodéchets le soir et non le matin pour éviter la prolifération des rats. 

Carte blanche:

Cette liste souhaite mettre en avant le travail des biffins qui chinent dans les poubelles et revendent comme Porte de Montreuil, Belleville… Elle aimerait favoriser leur travail, notamment par le travail de l’association Amelior à Montreuil. Elle veut encourager la réparation et réutilisation dans tous les quartiers et créer de l’emploi et de l’insertion

Incinérateur:

Danielle Simonnet rappelle qu’aujourd’hui l’incinérateur brûle plein d’eau pour alimenter le chauffage urbain. Elle parle ensuite du référendum pour arrêter le projet de 2 milliards d’euros de Suez qui est pour elle une aberration et va à l’encontre du ZD en ce qu’il incite à la hausse de la production de déchets. Elle s’appuie pour cela sur le plan B’OM. 

3) Liste Le Nouveau Paris (ex-LREM) : Isabelle Saporta, représentant Cédric Villani

Sur la commande publique:

Isabelle Saporta parle des emballages et de la remunicipalisation des cantines avec la création de légumeries dans toutes les écoles. 

Sur les biodéchets:

Elle salue les collectes séparées des biodéchets mais reproche le fait de l’imposer, elle souhaite plus associer les habitants à cette collecte pour éviter les réticences (saleté, ardeurs…). Isabelle Saporta reproche le fait qu’aujourd’hui l’argent est utilisé pour des solutions polluantes et non écologique: l’incinération sans tri des biodéchets. Elle encourage le compostage de quartier en soulignant le fait qu’il faut une filière derrière car aujourd’hui, beaucoup débordent.

Sur la tarification incitative et la redevance spéciale:

La liste “Le Nouveau Paris” s’appuie sur l’exemple de Besançon qui a connu au début de la tarification incitative des dépôts sauvages mais elle reconnait que cette tarification est ce vers quoi il faut aller. Il faut aider les familles précaires et s’attaquer aussi au problème de Deliveroo et Amazon qui génèrent beaucoup de déchets et ne paient pas d’impôts en France. 

Organisation des collectes:

Elle souhaite une diminution du ramassage des poubelles vertes et la collecte des poubelles jaunes plus souvent

Incinérateur:

Isabelle Saporta est contre l’incinérateur et rappelle qu’aujourd’hui, on n’aura plus de financement de l’Union Européenne pour cela, ni de subventions pour l’électricité, et donc pas d’intérêt économique à celui-ci. Elle souhaite également remunicipaliser le Syctom. Cette liste s’opposera au projet d’Unité de Valorisation Organique, qui selon elle fait le jeu des grandes boîtes. 

4) Liste Paris en Commun (PS): Paul Simondon, adjoint à la maire de Paris, chargé de propreté et gestion des déchets, représentant Anne Hidalgo

Sur la commande publique:

Paul Simondon a mis en avant la rue zéro déchet qui a impliqué les habitats, les écoles, les commerces pour la réduction de tous les types de déchets et a salué les dynamisme des associations. Il a fait remarquer qu’ils n’avaient pas attendu 2040 pour mettre fin aux plastiques à usage unique dans les cantines notamment. Pour lui, la mairie doit jouer comme un accélérateur. L‘événementiel est très important à Paris, une démarche écoresponsbale est alors nécessaire sur ce sujet.

Sur les biodéchets:

Paris expérimente la collecte des biodéchets dans 3 arrondissements et souhaite la généralisation à tous en 2021. Le tri des biodéchets est pour lui un engagement phare. La collecte va se généraliser pour les restaurateurs. Une filière va être créée vers le compostage, la méthanisation. Le compostage doit se faire à proximité des foyers pour éviter le transport des biodéchets par camion. Il termine en parlant du méthaniseur de Gennevilliers mais note qu’il en faut d’autres pour ne pas transposer à l’autre bout de la France les biodéchets. Il ne souhaite pas que tous les investissements soient mis dans la cométhanisation. 

Sur la tarification incitative et la redevance spéciale:

Aller vers la tarification incitative est indispensable mais il ne faut pas se tromper selon cette liste. Il faut inventer un dispositif incitatif tenant compte de la grande densité de Paris. Ils mettront la tarification incitative en place quand les gens auront le choix (tri recyclable et biodéchets possible), pas avant. Il souhaite l’expérimenter sur une zone pour connaître les réticences et freins. Sur la question de la redevance spéciale, il y a une exonération pour les commerces de bouches, c’est une forme de subventions pour cette activité très importante à Paris. Il est pour le maintien de cette exonération. Il note que des normes existent pour les producteurs de biodéchets mais qu’il n’y a pas de contrôle fait par l’Etat. Pour lui, il faut la mutualiser avec la collecte des habitats et trouver des méthodes de tarification incitative. Il faut aussi entrer en discussion avec ceux qui respectent les normes et qui trouvent que ça coûte cher.

Organisation des collectes:

L’objectif est la substitution des tournées de poubelles vertes par celles de poubelles jaune (3 par semaine pour le bac jaune). Il faut rééquilibrer les fréquences. Il faudra alors adapter les circuits de collecte. Pour Paul Simondon, il faut faire du tri des emballages un réflexe avec la généralisation via les trilib notamment. Il souhaite pour cela accompagner tout le monde. A côté des déchetteries, on peut créer des locaux dans les grandes résidences où les gens peuvent se servir: économie du partage localement, où c’est possible.Il aborde aussi la question des déchetteries dans une ville où beaucoup de gens n’ont pas de voitures. Il faut donc une généralisation des déchetteries mobiles au coeur des quartiers.

Carte blanche:

Ils veulent travailler sur les couches parce qu’elles contiennent beaucoup d’eau donc faible capacité d’incinération. La présence de jeunes enfants dans les familles est souvent une raison d’exonération à la tarification incitative pour cette raison. Ils sont en projet avec les Alchimistes et veulent que les crèches aient des couches compostables et des circuits de collecte. Ils veulent favoriser cela aussi pour les parents. Les couches lavables ne peuvent pas être la seule réponse.

Consignes:

La liste Paris en Commun préconise la filière courte et une filière de lavage

Incinérateur:

Cette liste veut diviser par 2 l’incinération et mobiliser tout le territoire pour aller plus loin dans les biodéchets et se passer de l’usine de valorisation organique. Paul Simondon reconnaît qu’aujourd’hui, on brûle de l’eau mais rappelle que cela est un choix collectif. Il faut pour lui s’en émanciper mais le faire dans le bon sens et réfléchir aux investissements. Il appelle à être fort face aux autres communes dans le Syctom. 

5) Liste Ensemble pour Paris (LREM) : Philippe Zaouati, représentant Agnès Buzyn

Sur la commande publique:

Pour Philippe Zaouati, la municipalité doit être exemplaire et être un entraîneur. Il mentionne la non-utilisation des plastiques dans les cantines scolaires.

Sur les biodéchets:

La liste Ensemble pour Paris souhaite généraliser la collecte des BD.

Sur la tarification incitative et la redevance spéciale:

Philippe Zaouati est pour cette mesure à moyen terme. Il se pose la question de comment on y va. Il a peur que ce soit comme la taxe carbone et que cette tarification soit rejetée massivement. Lui aussi s’inquiète de cette mesure pour les familles populaires.

Organisation des collectes:

Cette liste souhaite adapter la collecte en fonction des quartiers mais grosso modo augmenter la collecte jaunes et baisser la verte. Elle veut aussi augmenter la collecte dans l’espace public quand c’est compliqué dans les immeubles. Pour elle, il faut expliquer, mettre des indicateurs de qualité de tri dans chaque immeubles, travailler avec les quartiers et les mairies d’arrondissements.

Incinérateur:

Le candidat veut développer la méthanisation, souhaite diviser par 2 le volume des déchets et multiplier par 2 le tri. Il veut “embarquer la population” avant de changer l’incinérateur. Il appelle lui aussi à être fort face aux autres communes du Syctom, à être cohérent entre ses objectifs et son placement vis à vis du Syctom. Concernant la filière énergétique, aujourd’hui une baisse de l’incinération est synonyme d’une baisse du chauffage urbain donc il appelle à d’autres modes de fourniture de chauffage (biogaz, méthanisation…). C’est pour lui une stratégie à long terme. 

6) Liste Engagés pour Paris (LR): Aurélien Véron, représentant Rachida Dati

Sur la commande publique:

Aurélien Véron veut donner envie aux gens de consommer différemment et associer les agents municipaux aux prises de décisions en créant une sorte de politique RSE interne à la mairie. Il encourage l’utilisation d’outils éducatifs et de nudges pour tous, des enfants aux agents de la mairie.

Sur les biodéchets:

Il souhaite aller plus loin dans le tri, s’appuyer sur le savoir-faire, et faire en sorte que les associations et les autorités nouent un partenariat. 

Sur la tarification incitative et la redevance spéciale:

Il voit ici la limite du nudge management car il craint que les déchets soient alors abandonnés dans la rue, qu’on doivent alors mettre des caméras et arriver à une société à la Big Brother. Pour lui, c’est une décision qui va dans le bon sens mais qui n’est pas à faire n’importe comment. 

Organisation des collectes:

Il revient sur le problème des rats et le fait que beaucoup de déchets sont spécifiques à chaque quartier. Il note dans le centre une concentration des commerces et le manque de solutions pour le tri des cartons. Il se place en faveur du réemploi, de la réinsertion sociale et du lien avec le territoire. 

Carte blanche:

Il préconise le recours aux grands groupes (industriels) qui savent faire. Il souhaite mettre en place des méthodes ludiques et prône le changement par les enfants. 

Vous pouvez aussi retrouver l’intégralité du débat sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=wgLEF_WqCms

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