Suite à un incident arrivé le 24 septembre 2025 dans l’usine d’incinération d’Ivry-Paris XIII, une réunion du bureau du Comité de Suivi de Site (CSS) de l’usine a été convoquée par le Préfet le 15 octobre 2025. Le Collectif 3R a été convié à cette réunion en tant que membre du bureau de la CSS.
Lors de cette réunion de bureau, l’exploitant de l’usine (Suez) a présenté le déroulé de l’incident minute par minute.
Sachant l’inquiétude chez les habitants qui ont tous vu les panaches inhabituels des fumées le 24 septembre et qui ont pour certains été impactés par les odeurs âcres et par des picotements dans les yeux, nous aurions souhaité qu’une description détaillée de l’incident soit publiée par l’exploitant ou le Syctom.
Si nous saluons la convocation de cette réunion de bureau, et la clarté de l’exposé de l’exploitant, nous regrettons que depuis le mois de septembre il n’y ait pas eu de communication officielle à l’attention des habitants pour leur détailler précisément l’incident du 24 septembre. Nous pensons que pour établir une relation de confiance entre les habitants et l’exploitant de l’usine, il est important qu’il y ait une transparence et qu’une information claire, détaillée et complète soit accessible pour les riverains.
Lors de la réunion du bureau de la CSS, le Collectif 3R a réitéré sa demande qu’il y ait une information en temps réel des riverains en cas de fonctionnement inhabituel de l’usine (arrêt, redémarrage, incident, évacuation inhabituelle d’un panache de fumée). Si cette information en temps réel n’est pas une obligation réglementaire, le Collectif 3R considère que vu la proximité particulièrement importante des riverains avec l’usine, celle-ci est indispensable pour rassurer les habitants, éviter la circulation de rumeurs, et pour établir une relation de confiance avec les autorités publiques et l’exploitant. Nous rappelons que l’usine d’Ivry Paris XIII est la 2ème usine d’incinération d’ordures ménagères avec le plus d’établissements d’enseignement dans un rayon de 1km en France.
Depuis le 15 octobre 2025, de nombreux Ivryens se sont adressés au Collectif 3R pour avoir des informations sur l’incident du 24 septembre. En l’absence de communiqué officiel, nous allons donc décrire l’incident tel que nous l’avons compris. N’étant pas l’exploitant, nous pouvons avoir mal compris certains éléments et proposons que les riverains s’adressent à l’exploitant pour plus de détails.
Au début de la réunion du bureau de la CSS, l’exploitant a mentionné que l’incident du 24 septembre n’est pas un incident rare, et que ce type d’incident arrive régulièrement. Ce type d’incident est déclaré systématiquement à la DRIEAT mais il n’y a pas d’obligation réglementaire de convoquer de réunion de bureau de la CSS ou d’en faire une information spécifique auprès des habitants. Les riverains peuvent obtenir l’information un an plus tard en lisant le dossier d’information du public fourni une fois par an par l’exploitant en vue de la réunion de la CSS.
L’exploitant a confirmé que ce type d’incident peut amener à des dépassements ponctuels des normes d’émissions de polluants comme cela a été le cas lors d’un incident survenu le 20 janvier 2024. L’exploitant a également dit qu’avec l’augmentation très importante dans la collecte des ordures ménagères de bonbonnes de protoxyde d’azote (gaz hilarants) – qui explosent quotidiennement dans les usines d’incinération – ce type d’incident est de plus en plus fréquent.
L’incident du 24 septembre a eu lieu dans le four numéro 2. Il y aurait eu un éclatement d’une conduite d’eau de la chaudière qui a provoqué une hausse de température importante de l’installation qui a nécessité sa “mise en sécurité” vers 19h. Cet incident serait possiblement lié à une dégradation accélérée due à des explosions répétées de protoxydes d’azote. La mise en sécurité de l’usine a conduit à ce que les fumées s’échappent par les exutoires (petites trappes à la base de la cheminée) pendant environ 20 minutes pour éviter une surpression qui aurait mis en danger les travailleurs de l’usine et l’installation. Les fumées qui s’échappent par les exutoires ne sont quasiment pas filtrées.
La combustion des déchets qui étaient sur le grill au moment de l’incident s’est poursuivie jusqu’à 6 heures du matin. Entre 19h20 et 6h du matin le lendemain les fumées provenant du four sont sorties par la cheminée. Normalement les fumées émises par le four sont filtrées par trois filtres: un filtre qui retire les poussières, un filtre qui filtre les gaz acides et un filtre humide qui filtre les dioxines. Le filtre qui filtre les poussières a, a priori, fonctionné pendant toute la durée de l’incident; en revanche le filtre humide qui filtre les dioxines a fonctionné uniquement par intermittence et celui filtrant les gaz acides n’a pas fonctionné pendant toute la durée de l’incident. La fumée a donc été partiellement filtrée de 19h à 6h du matin.
La DRIEAT est en cours d’analyse des polluants qui ont été émis le 24 septembre. Nous ne savons donc pas s’il y a eu un dépassement de dioxines lors de l’incident.
Le Collectif 3R a rappelé que si les incidents peuvent être responsables de dépassements, les riverains doivent en être informés en temps réel pour qu’ils puissent se protéger et limiter leurs expositions. En effet, on ne peut exclure que ces dépassements peuvent avoir des impacts sanitaires sur les personnes qui pourraient aller faire du sport pendant l’incident, et les personnes asthmatiques. Par ailleurs, s’ils avaient l’information, certains travailleurs qui n’habitent pas à Ivry pourraient, s’ils en ont la possibilité, rester en télétravail lors d’incidents dans l’usine.
Enfin, on doit informer les directeurs d’écoles sur ce qu’ils doivent communiquer et sur la marche à suivre pour protéger les enfants et réduire leur risque d’exposition en cas d’incident.