9 décembre 2016 : vote du Syctom reporté 2


(photo Zero Waste France)

Ce vendredi 9 décembre 2016, le conseil syndical du Syctom devait autoriser le Président du Syctom à entamer les travaux de construction de la nouvelle usine d’incinération Ivry-Paris 13 par le dépôt du permis de construire, du permis de démolir et du dossier d’autorisation d’exploiter. Le vote était scindé en deux puisque le marché public était reporté à une date ultérieure, le conseil syndical était donc invité à donner un chèque en blanc à son président Hervé Marseille sur le coût de la construction de l’usine d’incinération.

Ce vote est finalement reporté à la fin janvier à la demande de Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine, qui souhaite que tous les conseils municipaux du bassin versant de l’usine d’Ivry s’expriment et le confortent dans son soutien au projet, et qui souhaite également l’avis de Ségolène Royal sur la non conformité du projet avec la loi de transition énergétique pour la croissance verte, non conformité que dénoncent les associations.
Le maire d’Ivry a également l’intention de mettre sa majorité en ordre de marche et de refaire voter son conseil municipal sur le projet du Syctom en janvier 2017, vote qu’il pense assuré après s’être laissé surprendre le 20 octobre dernier par une majorité qu’il qualifie de « politicienne ».

L’ensemble des élus du conseil syndical du Syctom s’est rangé derrière Philippe Bouyssou, a salué son courage et sa détermination, tout en soulignant qu’il était urgent de prendre cette décision après des années de discussions et de concertation.

Nous avons ainsi assisté pour la première fois depuis 2014 à un large tour de table, où toutes préférences politiques confondues, chaque élu s’est félicité du projet d’Ivry-Paris 13, a réaffirmé son credo – l’incinération avec valorisation énergétique et la nécessité d’avancer et de voter enfin ce projet.

Tous, sauf Stéphane Weisselberg, qui, s’exprimant pour les 3 élus EELV (sur 67 conseillers), a souligné que la prise de conscience écologiste dans la population n’est pas suffisamment représentée par le conseil syndical du Syctom et qu’avec un peu plus de temps, on aurait réussi à convaincre les conseillers de revoir leur projet. André Santini semblait d’ailleurs du même avis lorsqu’il a précisé que dans les années 90 le projet d’incinérateur de Vitry avait été rejeté par référendum par 77% de la population de Vitry, et qu’un vote à Ivry aujourd’hui sur le projet IPXIII donnerait la même chose.

Le tour de table a été émaillé de piques plus ou moins desagréables pour les associations et les opposants, qualifiés de manière imagée par André Santini de « petits prédateurs, de mulots sortis de vieux caleçons… », soulignant la biodiversité odorante des phantasmes de son auteur.
André Santini a continué en encourageant le maire d’Ivry à être exigeant avec le Syctom, qu’il avait lui-même, André Santini, été en butte à l’opposition générale au moment d’Isséane, mais qu’il avait obtenu une usine enterrée à moins 60 m, pleine de verdure, sans panache de cheminées, et un port sur la Seine ; qu’elle avait certes coûté 1 milliard d’euros, mais qu’elle était maintenant une vitrine pour le monde entier, visitée par l’émir de Dubaï comme par les Chinois, et insérée dans un quartier où toutes les tours et les grosses sociétés rêvaient de s’installer.

Mais le plus fervent défenseur de l’incinération a été de manière surprenante Mao Peninou (PS Paris). Autant la discussion avec les associations lui parait légitime sur la quantité de déchets à traiter, autant il est pour lui “grave” que les associations discutent du bien-fondé de l’incinération des déchets, dont aucune étude scientifique n’a prouvé les effets polluants (!), et indispensable selon lui pour brûler les 25% de déchets non recyclables qu’on atteindra peut-être « dans des dizaines d’années ».
Voici donc un adjoint qui d’un côté affirme que Paris atteindra en 2020 50% de recyclage, mais qui croit si peu dans sa politique qu’il prétend le contraire en conseil syndical ; et qui fait si peu de cas de la qualité de l’air parisien en plein pic de pollution qu’il refuse de considérer l’incinération comme une activité polluante.

Rappelons que nous réclamons la décroissance de l’incinération sur le territoire du Syctom, et que l’incinération des déchets est bien considérée comme une activité polluante, soumise par l’Etat à la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes). Par ailleurs les chiffres des tonnages de polluants qui sortent des cheminées de l’usine d’Ivry-Paris 13 nous sont fournis par l’exploitant Novergie lui-même ! Sans parler des polluants non réglementés, polluants dits “émergents” comme les particules fines et les dioxines bromées, qui sont des perturbateurs endocriniens puissants.

La suite donc en janvier 2017 !

Nous vous souhaitons en attendant une fin d’année sereine, festive, (mais néanmoins zéro déchet) et de respirer un air aussi peu pollué que possible. Bonnes fêtes de fin d’année !

 

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2 commentaires sur “9 décembre 2016 : vote du Syctom reporté

    • Collectif 3R

      Bonjour,
      Paris est dans une dynamique “zéro déchet” avec relance du tri et collecte séparée des bio-déchets dans 2 arrondissements bientôt, mais il y a des retards. Les communes des différents territoires ne semblent pas pressées de s’y mettre. Et surtout ce qu’il va falloir demander c’est que les mesures adoptées (par exemple la collecte séparée des restes alimentaires) et le tri sélectif deviennent une obligation pour les habitants, comme en Italie (Milan, Parme, San Francisco). Très difficile de faire passer ça dans la culture française.