COMMUNIQUÉ DE PRESSE Reconstruction de l’usine d’incinération Ivry – Paris 13 : un rapport de la commission d’enquête publique favorable malgré la forte opposition du public


Ivry-sur-Seine, le 11 septembre 2018

Le projet controversé de reconstruction de l’incinérateur d’Ivry-Paris XIII coûtera plus de 2 milliards d’euros d’argent public sur 23 ans. Une enquête publique a eu lieu de mai à juin dernier. Près de 2000 avis défavorables ont été émis par la population, fortement opposée au projet. Pourtant, le rapport remis par la commission d’enquête publique exprime un avis favorable.

Réaction de l’association Collectif 3R (Réduire, Réutiliser, Recycler).
L’enquête publique organisée sur le projet de reconstruction de l’incinérateur le plus ancien (construit en 1970) et le plus gros (700 000 tonnes de déchets par an incinérés) de France, préalable au dépôt d’une demande d’autorisation d’exploiter la future usine, et d’un permis de construire, était très attendue par la population locale, impactée par la pollution de l’air et les diverses nuisances occasionnée par l’usine actuelle.

Ainsi, près de 2000 personnes ont déposé des avis lors de l’enquête publique, une mobilisation très importante pour une enquête de ce genre. La presque totalité de ces avis contestaient le projet (voir le registre des observations du public).
Et pourtant le rapport réalise le tour de force de balayer ces 99% d’avis défavorables en émettant un avis favorable sans même une réserve, en ne s’appuyant que sur l’avis du SYCTOM, des collectivités territoriales, des services de l’Etat, tous porteurs du projet à un titre ou à un autre, et donc juges et parties
Le Collectif 3R s’étonne du contenu de ce rapport car selon l’article L123-1 du code de l’environnement « l’enquête publique a pour objet d’assurer l’information et la participation du public », l’avis des institutions étant recueilli tout au long de l’élaboration du projet. Ne pas tenir compte des avis du public constitue donc un véritable déni de démocratie.

Le rapport passe également sous silence le travail des associations (et notamment les contributions techniques sur le dimensionnement de l’usine qui ne sont pas même annexées au rapport) et ignore la Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Pour les enquêteurs, cette loi ne donnerait que des « orientations » (des vœux pieux …) sans créer d’obligations. Pourtant la loi fixe bien des objectifs, qui doivent être déclinés par l’ensemble des collectivités locales en charge des déchets. Or comme le rappelle Anne Connan, co-présidente du Collectif 3R, « l’ampleur tout à fait exceptionnelle du projet Ivry-Paris XIII risque fortement de compromettre l’atteinte de ces objectifs en région parisienne. Actuellement, 80% des déchets ménagers et assimilés sont incinérés principalement dans les 3 méga-incinérateurs d’Ivry, de St Ouen et d’Issy-les-Moulineaux qui ceinturent la capitale… cela ne peut pas continuer ainsi. ». Car en attendant, les objectifs nationaux et européens de tri des déchets ne sont pas atteints, les ressources naturelles sont sur-exploitées et la qualité de l’air est médiocre en Ile de France.

Le Collectif 3R appelle le SYCTOM et les collectivités qui y siègent à changer radicalement de politique de prévention et de gestion des déchets et à mettre en œuvre le Plan BOM 2, alternatif à la reconstruction de l’usine qui permettrait à la Métropole de rattraper son retard en matière de prévention et de recyclage des déchets.

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